Variétés 1925 (Variety, Varietés, Vaudeville) de Ewald André Dupont

 

Un ancien trapéziste, après une chute qui l'a immobilisé pendant une année, présente des hommes et des femmes dansant en tenue sexy dans un peep-show du port de Hambourg. Il voit sa femme qui commence à se laisser aller et il aimerait bien changer de vie. Malheureusement, il y a son fils, né il y a peu, et il supporte donc, avec difficulté, sa vie médiocre. Lorsqu'on lui présente une jolie et jeune étrangère, il décide de la garder dans son spectacle. Bientôt, la belle gamine réussit à le séduire et, abandonnant femme et enfant, il part à Berlin où il commence à avoir, avec sa partenaire, un relatif succès. Un jour, arrive au Winter Garden, Artinelli (Warwick Ward), célèbre trapéziste. Mais ce dernier ne peut pas honorer son contrat, car son partenaire de frère est mort lors de la dernière représentation, à Londres. Il découvre, le soir venu, notre duo qui fait une prestation remarquée. Il a trouvé ses partenaires ! Le succès ne se fait pas attendre. Mais peut-être aussi que les intentions d'Artinelli ne sont pas aussi honnêtes que ça...

Ce film est bien au-dessus des promesses de son scénario, un banal mélodrame passionnel. C'est le premier film à utiliser le champs-contre champs, ce qui marque une date dans l'histoire du cinéma. Donc, malgré son histoire peu originale et certaines longueurs, il nous offre de très belles séquences aux cadrages et aux montages extraordinaires. 

Alfredo Codona, le sorcier du trapèze et ses partenaires, ont doublé les acteurs du film. 

Longtemps disparu des radars, on redécouvre peu à peu le cinéma d'Ewald André Dupont. Un cinéaste majeur du cinéma expressionniste allemand, qui termina sa carrière aux États-Unis dans les années 50 en signant des films Z alors que ces premiers films ont tous fait sensation, on peut citer, outre notre Variety, le fameux Moulin Rouge (1928) qui fit scandale à cause des scènes jugées scandaleuses d'Olga Tchekhova et Piccadilly, l'année suivante, qui fit connaître au public l'actrice sino-américaine Anna May Wong (on peut aussi y voir Charles Laughton dans son troisième rôle au cinéma).

Le réalisateur s'est entouré pour cette production de la crème du cinéma allemand de l'époque et surtout de LA star : le grand Emil Jannings (Le Dernier des Hommes de Murnau ou l'Ange Bleu de Josef von Sternberg, pour ne citer qu'eux).

Lya De Putti (Amália Helena Mária Róza Putti) est Austro-Hongroise et née ,en 1897, de Julius de Putti, baron et officier de cavalerie et de Mária Holyos, une comtesse !... Débutant au cinéma dans "Un Császár katonai" de Béla Balogh (1918) elle est réellement découverte dans le diptyque de Joe May en 1921 : Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou. Elle fut une actrice du cinéma muet très remarquée pour ses rôles de femme fatale et vous la découvrirez ici, enserrée dans une sorte de sari... je ne sais pas vous, mais, moi, je la garde encore en mémoire et je ne suis pas près de l'oublier !

En 1924, elle devient première danseuse au Winter Garden de Berlin pendant quelques années, puis elle part pour l'Amérique où sa carrière s'effondrera à la naissance du cinéma parlant, non à cause de sa voix, mais de son accent allemand épouvantable. Elle est morte en 1931 à New York alors qu'on l'opérait pour lui retirer un os de poulet coincé dans la gorge ...

Parlons à présent, de la restauration ! 

L'image que je vous propose est une formidable copie au nitrate en résolution 2K de toute beauté et c'est bonheur de regarder le film dans cette sublime qualité.

Le problème, c'est la piste son ! Non pas qu'elle soit piquée, mais je pense que la personne qui a décidé de poser cette bande son sur un film muet ne devait pas être en possession de tous ses moyens. Cela détruit tous les efforts de restauration d'un film lorsque la musique le rend impossible à regarder ! La bande son des Tiger Lillies est vraiment épouvantable ! Et c'est bien regrettable pour un groupe qui est très proche du milieu du cirque. J'ai regardé les premières minutes, et j'ai dû arrêter : cette affreuse voix de fausset qui "chante" en concurrence avec les images muettes de l'écran m'a fait vivre une expérience épouvantable. À tel point que j'ai abandonné l'idée de traduire ce film... Je vous assure que c'est la pire expérience que j'ai jamais eu, et en plus, ils ont récidivé sur d'autres films muets ... 

Finalement, j'ai décidé de continuer ma traduction, mais le fait de ne pas avoir de piste son me dérangeait un peu. J'ai essayé de retrouver la piste originale signée Erno Rapee mais sans trop de résultats. Par contre, dans mes recherches, je suis tombé sur "Kleine Sinfonie, op. 29. II. Allegro Assai" de Heinz Rögner et Rundfunk que j'ai trouvé convenir tout à fait. Je l'ai mise en piste 1 et je crois que c'est tout à fait ce qu'il faut pour ce film. Une symphonie qui rappelle l'univers du cirque sans écraser à aucun moment les images et qui les soulignent plutôt, bien qu'elle ne soit pas faite pour ça. Bien entendu, pour les braves qui veulent essayer la version des Tiger Lillies, j'ai mis en seconde position la piste son de leur performance.

Réalisateur ; Ewald André Dupont

Vedettes : Emil Jennings, Lya De Putti, Warwick Ward, Maly Delschaft

Genre : Drame

Année : 1925

Langue : Muet

Sous-titres : Français UTF-8 (JorGrinch)

Durée : 95 minutes 

Format MKV : 1328x1028

Débit vidéo : 3600 kb/s 

Taille du fichier : 2.59 Go